L’harmonie entre les êtres vivants, Clémence Ngo
En me renseignant sur la définition du terme « organique », j’ai fait la découverte d’une poupée assez étrange et atypique. Elle se nomme Vénus. D’après ce que j’ai appris à son sujet, elle est une sublime poupée de cire, utilisée par un grand nombre de médecins avant la Renaissance afin d’expliquer au public l’anatomie humaine.
La première chose qui m’a étonnée est la beauté qui émane d’elle. Je me suis demandé : pourquoi donc prendre la peine de la rendre belle et d’ajouter autant de détails sur son enveloppe extérieure alors que tout ce qui compte se trouve à l’intérieur ? La rendre belle et prendre la peine de l’appeler Vénus n’a pas forcément d’utilité pour l’apprentissage de son anatomie.
Et j’ai eu un déclic. L’apparence. L’enveloppe extérieure. Je me suis rendu compte que nous avons tendance à juger l’enveloppe extérieure de tout ce qui nous entoure, à donner notre avis sur ce qui est beau et ce qui ne l’est pas. Mais pourquoi faire ?
L’enveloppe extérieure d’un être vivant n’a pas la même importance que ce qu’elle contient. Tout ce qui compte est que nous ayons des cellules fonctionnelles, que nos organes se portent bien et nous soyons en bonne santé.
Je me suis donc mise à réfléchir à un moyen efficace pour inciter les personnes à questionner leur dépendance à l’apparence ? À remettre en question leur jugement sur l’apparence et les êtres qui les entourent ?
Pour cela, j’avais d’abord pensé à un dispositif de collage. Mais je trouvais qu’il n’impliquait pas assez le public, je voulais trouver un moyen d’interagir directement avec lui… Et j’ai trouvé.
Mon dispositif se divise en 2 panneaux. Le premier, qui symbolise la pluralité des êtres vivants, est constitué de plusieurs photographies d’insectes, d‘animaux, de végétaux et d’un miroir pour réfléchir le regardeur. Les photos sont en noir et blanc ou en couleurs, de tailles différentes afin d’insister sur la diversité. Le découpage irrégulier des photos et même du panneau laisse entendre que rien ne peut être parfait, pas même l’apparence. Nous avons tous des imperfections, des complexes qui nous rendent tous uniques. J’ai choisi de superposer certaines photographies pour mettre en lumière le lien qui les unit : elles montrent toutes des êtres vivants. Le centre du panneau est ouvert afin de le mettre en perspective avec le deuxième panneau.
Ce deuxième panneau symbolise l’unité entre les êtres vivants. J’ai choisi une photographie de mitochondrie. L’élément primordial qui fournit l’ATP à une cellule, l’énergie nécessaire pour qu’elle fonctionne. J’ai choisi une meilleure qualité de papier pour la reproduction de cette photographie ainsi qu’une plus grande taille pour souligner son importance et sa valeur indispensable pour notre vie.
Ainsi, je veux faire comprendre au public qu’en éloigné du panneau il ne verra que les photographies et aura une vision ordinaire et superficielle, limitée aux apparences des êtres et à la sienne. Mais en s’approchant et en regardant de plus près les photographies, il verra, à travers la fenêtre du premier panneau, la photographie de la mitochondrie en arrière-plan. Et c’est alors qu’il comprendra peut-être que c’est cette unité organique nous relie tous, quelle que soit notre apparence.
Clémence Ngo